TROP SENSIBLE, LE PLAN ADDICTIONS JETÉ AUX OUBLIETTES PAR LE GOUVERNEMENT

 TROP SENSIBLE, LE PLAN ADDICTIONS JETÉ AUX OUBLIETTES PAR LE GOUVERNEMENT


TROP SENSIBLE, LE PLAN ADDICTIONS JETÉ AUX OUBLIETTES PAR LE GOUVERNEMENT






Le plan de lutte contre les addictions devait être présenté lundi dernier. Reporté pour la troisième fois, il était très attendu par les associations et les addictologues, qui doutent de la volonté du gouvernement d’agir, en particulier sur l’alcool.


Le gouvernement devient coutumier des reports. A l’instar du plan Pauvreté, la «plan addictions» attendu par l’ensemble des associations a été reporté aux calendes grecques. D’abord prévu pour mars dernier, puis pour fin juin, et enfin pour lundi dernier, le «plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022» ne sera finalement pas présenté par Edouard Philippe. Contactée par nos soins, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) explique cette annulation «pour raison d’agenda du Premier ministre» et, poursuit-elle, «à ce jour, nous n’avons pas encore de nouvelle date».


Drôle de réponse lorsqu’on sait les enjeux de santé publique que posent ces questions. A commencer par l’alcool, puisque 60% des addictions sont liées à ce breuvage. Et que sa consommation est la cause directe de 50 000 morts par an. Sans doute pour désamorcer une possible levée de boucliers, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, s’est exprimée dimanche sur RTL, assurant qu’une prévention ciblée serait développée auprès des jeunes et des femmes enceintes. Les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas faites attendre. Michel Reynaud, médecin addictologue et président du Fonds Actions Addictions s’est emporté : «Pour informer il faut des moyens ! D’où la demande de taxation de la consommation et de la publicité de l’alcool. Comme pour le tabac, il faut 100 millions pour la prévention de l’alcool !».

 

 

Les intérêts privés d’une filière passent en premier

 

Comment parler sérieusement de prévention en balayant un plan d’action qui aurait affiché les ambitions du gouvernement ? Un mauvais signal pour Myriam Savy, porte-parole de l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (Anpaa). « A force d’attendre, on se demande si des mesures fortes pour agir sur la question de l’alcool pose problème au gouvernement. Un des points clés concerne la taxe sur la publicité sur les boissons alcooliques qui permettrait d’abonder le Fonds de lutte contre les addictions aux substances psychoactives. S’il n’y a pas de financement supplémentaire, il faudra faire de la prévention pour un plus grand nombre d’addictions avec moins d’argent…» Le champ d’intervention de ce fonds, constitué de 100 millions d’euros provenant des taxes du tabac, doit être élargi aux addictions liées aux substances psychoactives (alcool, cannabis). Pour 2019, une augmentation de seulement 10 millions d’euros a été annoncée.